EXPOSITION
du 4 au 12 février 2022
WATER STRIDERS
Nicolas Aiello, Madeleine Aktypi, Meryll Ampe, BN (Anaïs Ang, Ana Braga, Thomas Dunoyer de Segonzac), Grand Magasin (Phoenix Atala, Francois Hiffler, Pascale Murtin), Lea Klein, Rémy Louchart, Antoinette Ohannessian, Rachel Poignant, Claudia Triozzi
Commissariat d'exposition : Anaïs Ang
Vernissage le vendredi 4 février à partir de 17h
Finissage le samedi 12 février à partir de 17h30
Performance de Rémy Louchart le samedi 12 février à 1
Ouverture tous les jours sur rendez-vous au 06 62 20 65 91
ou à l’adresse contact.anaisang@gmail.com
Madeleine Aktypi, détail de l'installation We talk everyday (for Eleutheria)*, 2022 ; Rachel Poignant, MDM, 1990
Les oeuvres regroupées pour l'exposition semblent prétendre à des jeux de surface par une sorte de froideur descriptive ou d'hermétisme, comme si elles n'avaient rien à déclarer d'autre que leur incapacité à dire plus ou à être au monde. Marcheuses d'eau, elles entretiennent un rapport ambivalent à la gravité. En équilibre instable entre leur retenue et une intense agitation qui sourd, elles sont soumises à un phénomène de tension superficielle. L'eau est profonde et trouble en-dessous de l'épiderme et les signes émergent avec difficulté. Tandis que le Fou de Bassan plonge en piqué sous l'eau et provoque une onde de choc pour sidérer ses proies, les Gerris tiennent plus qu'ils ne s'accrochent à la surface, et s'il leur venait l'idée d'y pénétrer, ce serait en empruntant un escalier spiralé de la circonférence du lac.
Les différés, les disjonctions et les faux-pas ponctuent l'activité poétique de pratiques dérivatives qui suivent leur cours avec leur propre durée et laissent advenir la radicale nouveauté de l'événement.
Tandis que certain·e·s suivent avec agilité le fil de leur pensée, d'autres trébuchent et ne reprennent leurs esprits qu'au bas de l'escalier. Impressionné·es, ielles descendent marche à marche dans la chambre noire de leur intériorité, où une image surgit qui leur permet de remonter progressivement à la surface du langage. Cette cécité momentanée survenue comme un court-circuit de la pensée, l'allège et lui permet de revenir sur ses pas, comme l'élastique reprend sa forme après qu'on l'a tiré.
En accord avec cette vision plastique de la pensée qui réunit le langage des formes à celui des mots, les oeuvres sont les pierres d’achoppement d'un processus plastique qui arrache à l'espace des morceaux de temps. Si l'activité artistique est toujours en retard et rend compte d'une perception parcellaire du réel, elle résout la difficulté de la conceptualisation en empruntant des chemins où elle se laisse guider par les déphasages, les retraits et la perte. Dans l’antichambre d’une fabrique vitaliste qui encombrerait l’atelier, les oeuvres présentées marquent un écart : elles ne disent que la pensée venue à terme.
Anaïs Ang
PS : Après deux expositions personnelles à l'Atelier W autour de l'esprit d'escalier : L'esprit de l'escalier de Julien Nédélec en 2015 et Structure des profondeurs (on m’a récemment dit – et j’ai trouvé cela très juste – que j’ai l’esprit d’escalier en échelle à barreau cassé) d'Anaïs Ang en 2018, cette troisième exposition collective a été initiée en collaboration avec Vanessa Morisset. Elle sera suivie de la co-programmation (Laboratoires-V. Morisset-A. Ang) d’une Mosaïque des lexiques « en retard » aux Laboratoires d’Aubervilliers le 1er avril 2022, avec Agathe Berthaux Weil, Ondine Cloez, La Banque de Jeu de Pharaon, Nina Garcia, Françoise Goria et ses étudiant·e·s de l’isdaT.