Un soleil de plomb fait luire le champ de maïs. De grandes feuilles vertes courbes et déployées laissent entrevoir des cornets de grains dorés. Une odeur particulière d’herbe cuite et d’humus réchauffé est abandonnée dans la brise au repos.
Le temps ralenti les mouvements. (…)
« Il devait être vingt-deux heures, quand nous sommes sortis dans le jardin pour observer le ciel avec un dernier verre de vin blanc. Il faisait encore très chaud, et le jour tardait à tomber. Je me rappelle très bien, qu’il y avait quelque chose de silencieux, d’anormalement paisible. L’humidité montait lentement du sol, je suis rentrée pour mettre une veste. »
Le maïs est courbé en souffrance par des bourrasques de poussières, touchant le sol pour se mêler à la terre. Les silhouettes sont dilatées, transparentes.
« A mon retour, j’ai remarqué que les bêtes formaient un cercle sous l’arbre, c’était vraiment étrange, de les voir comme ça serrées les unes contre les autres, communiant entre elles sur quelque chose qui nous échappait complètement. Il y avait, vous savez, cette tension électrique dans l'air quand on sent que quelque chose va se produire. Des nuées d’insectes volaient comme épuisés à quelques centimètres du sol. Les oiseaux se sont réunis dans l’arbre au-dessus des bêtes. Il y a eu une lumière bleue, un éclair violent a traversé le ciel. »
Une pluie grasse, couleur de rouille, colore l’étendue jaune de son orange sale.
Un couple titubant tente de se décoller l’un de l’autre, dans une ultime étreinte avec la fange.
Au milieu des débris, un épis flotte.